2015
Évolution de l’association
En mars nous venons de scolariser le 400e enfant depuis l’ouverture de l’école en 2004. En cette fin d’année scolaire 2015 ils sont 311 enfants à être répartis en 14 classes et 12 niveaux, soutenus par 288 parrains et marraines. En octobre 2015 le nombre d’enfants accueillis depuis le début est passé à 419.
Fin 2014, l’école a reçu un Certificat du Département de l’Éducation du Bihar, ce qui permet d’enseigner au-delà de la classe 8, dans les classes 9 et 10, sans avoir à demander chaque année une autorisation spécifique. Les agents venus pour évaluer l’école ont été très impressionnés par l’activité et la bonne tenue de l’école. Dans le district de Gaya, sur 561 demandes, seules 120 ont reçu ce certificat. Des aides gouvernementales peuvent ainsi être données, par exemple des bicyclettes aux élèves qui habitent loin. Cette nouvelle a été relayée dans les journaux locaux, ce qui est excellent pour la réputation de l’école et de l’association.
Le cours de l’euro a chuté, l’inflation est forte en Inde (78 % entre 2003 et 2012). Les comptes de l’école sont rigoureux, rien n’est gaspillé et Rajesh gère au plus juste le budget. Nous demandons à ceux qui le peuvent d’augmenter leur participation.
Un groupe de pèlerins taïwanais est venu visiter l’école en décembre 2014. Ils ont admiré le travail de Rajesh tant à l’école que dans les villages. Pour mieux faire connaître l’association à l’étranger, un bénévole a traduit quelques pages du site en anglais, retraduites ensuite en thaïlandais par un des pèlerins !
Solidarité
Suite aux terribles attentats de Paris en novembre 2015, Rajesh a organisé à l’école, avec tous les élèves, les membres de l’association THES et les villageois, une cérémonie avec bougies et prières hindouistes, dessinant avec des bougies allumées les mots « Peace for Paris ». Il a envoyé des photos très émouvantes. Nous le remercions pour cette attention qui nous a beaucoup touchés.
La vie de l’école
Lors de sa venue, le trésorier a été ému de recevoir la visite d’anciens élèves. Ils sont pleins de gratitude pour tout ce qu’ils ont reçu, pour la chance dont ils ont bénéficié. Une ancienne professeure est venue de loin pour le saluer. Actuellement à Delhi en 1ère année de l’équivalent de l’ENA elle aimerait, si on lui offre un poste dans la haute administration du Bihar, travailler pour les défavorisés. Les castes n’existent plus officiellement en Inde depuis 1947, mais dans les faits les Intouchables sont le plus souvent des laissés pour compte et n’ont pas d’existence propre…
Pour la première fois depuis la création de l’école, des élèves sont arrivés en classe 10 et ont passé l’équivalent du baccalauréat. Comment mesurer la réussite de l’école si ce n’est par sa «cote» auprès des habitants de la région et la réussite scolaire des étudiants : nous sommes fiers d’avoir un taux de réussite élevé et même supérieur à d’autres écoles, même privées : résultats sur 14 élèves en classe 10 (examen équivalent au BAC) : 2 élèves notés 1er, 10 élèves notés 2e, 2 élèves notés 3e, peut être l’équivalent de nos mentions…
Actuellement deux élèves continuent leurs études en « prépa », l’une pour être professeur, l’autre médecin. Nous étions inquiets sur le devenir d’un élève handicapé mental, gardé à l’école pour l’aider à survivre en étant correctement nourri : il travaille maintenant dans un restaurant à la plonge et son patron est très satisfait.
Le fils (8 ans) d’un aide cuisinier a été cruellement attaqué par un chien sauvage. Il a été hospitalisé 4 jours à l’hôpital gouvernemental de Gaya dans des conditions insalubres. Rajesh et le trésorier sont allés le voir régulièrement à l’hôpital. L’enfant gardera des cicatrices mais il est en vie ! Le « fonds d’entraide » a encore servi. Il faut aussi noter qu’il sert à toutes sortes d’urgences. Parfois – il peut faire très froid l’hiver – des personnes âgées arrivent à l’école, pieds nus et mal nourries. On leur sert un thé chaud, des biscuits et ils repartent avec une couverture et des « tongs » aux pieds.
Dispensaire et atelier de couture
Comme toujours, le dispensaire a un taux de fréquentation élevé, mais le Dr Verma, qui le supervise, est très malade et Rajesh cherche un autre médecin.
Les cours de couture, gratuits, sont suivis avec assiduité, couronnés par un diplôme. Les femmes peuvent coudre des vêtements pour la famille et ce peut être aussi l’occasion pour elles de gagner leur vie. Souvent elles se retrouvent seules. Le mari est décédé, ou il est parti sans laisser d’adresse.
Divers
Comme toujours, visiteurs et parrains sont venus visiter l’école. Lorsqu’ils sont nombreux, Rajesh organise une réception avec chants et danses. Une marraine qui avait passé quelques jours à aider l’école a initié les enfants, pendant la récréation, à la création de bracelets en élastiques. Ils étaient enthousiastes ! L’entreprise française qui les commercialise a même fait don de quelques centaines de sachets d’élastiques.
2016
Évolution de l’association
449 enfants ont été accueillis depuis la création de l’école. Ils sont 305 enfants (dont 157 filles) à être scolarisés actuellement, soutenus par 281 parrains et une douzaine de donateurs occasionnels. Le personnel représente 26 personnes : direction, professeurs, cuisiniers, gardiens, femmes de ménage, etc.
En avril, 29 élèves ont quitté l’école, dont seulement 5 n’étaient pas en classe 10 – la dernière du cycle général. Il semble que les parents commencent à comprendre l’importance d’aller plus longtemps à l’école.
L’association indienne THES a reçu en février un agrément du Ministère de l’Education du Bihar. Notre école a été reconnue comme l’une des meilleures. A ce titre, THES devrait recevoir une subvention pour les fournitures scolaires. Elle sera la bienvenue, car l’inflation est énorme en Inde. La vie devient difficile pour tout le monde.
Une augmentation de rattrapage de 10 % sur les salaires des professeurs a été faite en janvier.
Événements dans la famille de Rajesh
Rajesh a fait opérer en septembre 2015 sa petite fille, Anamika, d’une malformation à la jambe. Elle va mieux maintenant. Une deuxième intervention est prévue plus tard.
Un drame est survenu dans la famille : la sœur de Rajesh, Reena, a perdu brutalement son mari dans un accident de moto. Il a été électrocuté par un câble haute tension qui était à terre sur le bord de la route. Toute la famille est sous le choc. Nous nous associons à leur peine. Reena et ses deux fils restent sans ressource. La situation des veuves est terrible en Inde.
La vie de l’école
Le programme scolaire est celui de l’état du Bihar.
Dans les écoles d’état, les enfants sont 150 par classe.
Rajesh propose de consacrer une salle de classe à des cours de musique, avec un professeur spécialisé.
Les résultats de l’examen de fin de classe 10 (équivalent du baccalauréat) sont impressionnants et soulignent la qualité de l’enseignement : 19 élèves sur 24 ont réussi : 3 mention « très bien », 9 mention « bien », 7 mention « assez bien ». 12 continuent en classe 11 « gouvernementale », dont 7 filles. La moitié de la promotion a choisi de faire les 2 ans de classes préparatoires avant d’entrer à l’université !
Pour ceux qui ont choisi de quitter leurs études à la fin de la classe 10 : 4 filles sont parties vivre avec leur mari ; les garçons sont chauffeur, charpentier, vendeur de vêtements ou travaillent dans une usine de briques ou de vêtements. 2 garçons travaillent tout en continuant leurs études.
Qui se serait attendu à de tels résultats chez des Intouchables ? Le fait que ces jeunes fassent des études modifie complètement la vie d’une famille, d’une communauté, d’un village. Leur gratitude est immense vis-à-vis de l’association et nombreux sont les parents qui attendent des parrains et marraines pour que leur enfant ait la chance de recevoir une éducation de cette qualité.
La classe des petits comptait plus de 40 élèves. Il était nécessaire de la dédoubler. Une institutrice a été recrutée : Reena, la sœur de Rajesh. Elle a la qualification nécessaire et est heureuse de remplir ce poste.
Rajesh a recruté une femme comme professeur d’anglais. Les cours sont devenus d’un meilleur niveau. Elle est plus efficace que le précédent professeur et insiste sur l’expression orale.
Divers
Si un parrain fait le voyage à Bodh Gaya et désire apporter quelque chose à l’école, il est préférable que ce soit du désinfectant, des compresses, des pansements, produits qui sont très chers en Inde. Pas de médicaments parce que les notices en français rendent impossible leur utilisation.