Lettre d’information UEABG N° 25 (mars 2015)
La vie de l’école
Nous venons de scolariser le 400ème enfant depuis l’ouverture de l’école en 2004 ! Il y a en cette fin d’année scolaire 311 enfants à l’école, répartis en 14 classes, et 12 niveaux.
En octobre 2014, l’école a reçu un Certificat du département de l’éducation du Bihar; Rajesh, le directeur de l’école, commente dans les termes suivants :
« L’obtention de ce certificat est très bénéfique pour l’école. En effet chaque année après la classe huit il était nécessaire de faire une demande d’autorisation pour pouvoir enseigner les classes neuf et dix; maintenant ce ne sera plus nécessaire ; grâce à ce certificat notre école peut aller jusqu’à la classe dix. De plus il peut y avoir de temps à autre des aides gouvernementales pour les étudiants : par exemple ils peuvent recevoir une bicyclette. Dans le district de Gaya, sur 561 demandes seules 120 écoles ont reçu ce certificat. Les agents qui sont venu pour évaluer l’école ont été très impressionnés de voir l’activité et la bonne tenue de notre école. »
Anciens élèves
2 anciens élèves continuent leurs études en « prépa », l’une pour être professeur, l’autre médecin. Nous étions inquiets sur le devenir d’un élève handicapé mental, gardé à l’école essentiellement pour être nourri et survivre: il travaille maintenant dans un restaurant à la plonge, et son patron dit qu’il travaille très bien.
Divers
Un groupe de pèlerins taïwanais est venu visiter l’école en décembre; ils avaient déjà auparavant tenté d’aider sans succès des orphelins de Bodh Gaya; ils ont admiré le travail de Rajesh à l’école et dans les villages, et ont fourni des couvertures aux villageois; ils désiraient connaître mieux l’école : un bénévole a traduit quelques pages du site en anglais, qui ont été retraduites en taïwanais par un des pèlerins !
L’école a reçu cet hiver de nombreux visiteurs, dont beaucoup de parrains. Lorsque les visiteurs sont nombreux, Rajesh organise une réception, et les élèves peuvent exercer leurs talents en chant et danse (de tels cours sont donnés toutes les semaines le samedi matin).
Lors de sa visite, pendant la récréation, une marraine a même initié les enfants à un jeu de fabrication de bracelets avec des élastiques, qui parait il fait fureur dans les écoles françaises : les petits indiens aussi étaient fascinés. L’entreprise française qui les fabrique a fait don de quelques centaines de ces élastiques !
Le fils, âgé de 8 ans, d’un aide cuisinier a été attaqué par un chien sauvage, la joue déchirée, un doigt cassé par morsure, blessures moins graves au visage. Rajesh a été plusieurs fois à l’hôpital gouvernemental à Gaya. Après avoir reçu une injection antirabique dès son arrivée, cet enfant n’a reçu aucun soin jusqu’à notre arrivée, même pas les premiers soins de désinfection des plaies. Il a fallu trouver le médecin, une femme, à qui un bakchich a été donné afin qu’elle s’occupe du patient, ce qui fut alors fait immédiatement. L’enfant est resté 4 jours à l’hôpital, dans une chambre de 20 lits au métal rouillé, avec toiles d’araignées, pas de drap sur un matelas aux multiples auréoles; dans les couloirs, des chiens traînaient et ici ou là, des cadavres attendaient dans les couloirs, dans la cour d’entrée. La joue du gamin n’a pas été recousue, aujourd’hui il va bien mais aura une grosse cicatrice et son doigt blessé restera tordu. Mais il est en vie !
Le cours de l’euro a chuté, et l’inflation est forte en Inde (78% entre 2003 et 2012), c’est pourquoi nous demandons à ceux qui le peuvent de passer à 25€/mois.
Témoignages
Celui du trésorier:
« J’ai été très ému lorsque des enfants qui ont passé le bac l’an dernier sont revenus à l’école me saluer et nous remercier de ce que nous faisons depuis 10 ans. Une prof Arti Devi qui a enseigné à l’école pendant plus de 2ans est aujourd’hui à Delhi en 1ère année de l’équivalent de l’ENA; en séjour dans sa famille, elle a fait 25 km pour venir me saluer et me dire qu’elle n’oublie pas THES et que si elle a un poste dans la haute administration dans le Bihar, elle fera le maximum pour cette population… Je peux vous dire combien nous sommes aimés par le personnel et les parents, ils voient maintenant les résultats chez ceux qui ont quitté l’école après la classe 10 ! »
Une marraine qui a fait le voyage nous livre ses impressions: (extrait d’une lettre que vous pouvez lire in extenso sur notre site https://www.ueabg.fr )
« …Dès les premiers instants, je suis impressionnée par la qualité de cette école, l’esprit qui y règne. Tout est impeccable, organisé, discipliné. La tenue des enfants, des professeurs, les bâtiments et espaces verts. Nous sommes magnifiquement reçus sous une pluie de pétales ; on nous offre colliers de fleurs, discours et spectacle de bienvenue.
Les enfants sont accueillis, éduqués, nourris, soignés, respectés, aimés. C’est l’espoir d’un avenir meilleur. Toute l’équipe de l’école est attentive aux problèmes qui peuvent survenir, scolaires, familiaux, de santé. L’esprit qui y règne est exigeant mais bienveillant et compréhensif.
J’ai eu l’occasion de visiter le village et la maison de ma filleule, Anisha (10 ans environ)… deux soeurs, Munam et Kushi, sont scolarisées… la maman est morte. C’est la grand-mère qui s’occupe d’elles, Munam fait la cuisine. Leur maison est en pisé, sans porte ni fenêtre, le toit de tuiles et de chaume laisse passer les pluies de la mousson. Deux minuscules pièces donnent sur le patio intérieur. Dans chacune, un lit de cordes tressées, à l’indienne, une fine couverture, une petite étagère en terre avec brosse à dents et quelques objets. C’est tout. Pas d’eau, pas d’électricité, juste une minuscule lampe à huile pour s’éclairer la nuit. C’est propre malgré tout. Des bouses de vaches servent de combustible pour cuire le riz. Sous une cloche en paille se cachent une poule et ses poussins. Dans les rues du village vaches, chèvres et enfants font bon ménage…«