Visite de l’école

visage souriant

En novembre dernier, un groupe de parrains et de marraines a visité l’école dans le cadre d’un voyage en Inde et au Népal. Une marraine vous raconte…

Nous étions parrains ou pèlerins à débarquer à l’aéroport de Bodh Gaya ce lundi 4 novembre 2024, accueillis par la chaleur et le brouillard jaune de la pollution qui couvrait la ville. Et… surprise ! Rajesh, Sanghita et des professeurs nous attendaient à la sortie pour nous accueillir chaleureusement, avec des guirlandes de fleurs et des écharpes d’offrande. Ce fut un moment particulièrement émouvant.
L’école était normalement fermée pendant notre période de visite, en raison des fêtes de Diwali, la fête des lumières symbolisant la victoire de la lumière sur l’ombre, et de Chhath Puja, fête dédiée à Surya (le dieu-soleil) et Usha (la déesse de l’aube), sources de vie et d’énergie primordiale. Mais Rajesh avait pris des dispositions particulières pour ouvrir lors de notre venue.

Les enfants accueillent les visiteurs avec des pétales de fleurs

Ce mardi 5 novembre, nous sommes accueillis par deux rangées d’élèves qui nous aspergent de pétales de fleur, puis on nous passe un collier de fleurs autour du cou et on nous offre un ladou, une confiserie locale délicieuse, directement dans la bouche, en guise de bienvenue.
Nous sommes alors conduits au home pour personnes âgées, dont la construction vient d’être achevée, destiné dans un premier temps à héberger les six personnes qui auront été sélectionnées selon les urgences sociales, sa capacité future devant s’élever à vingt-huit personnes. Nous pouvons visiter les trois chambres simples mais magnifiquement agencées, prêtes à recevoir chacune deux personnes, la cuisine où les résidents pourront préparer leur repas les jours de fermeture de l’école, ainsi que les sanitaires, douches et lavabos.

Façade portant la plaque "Home Corinne MEA"

Vient alors le moment de l’inauguration solennelle de ce lieu, qui sera baptisé Home Corinne MEA en mémoire de la femme généreuse qui a légué une partie de ses biens au profit de cette œuvre. L’inauguration se tient en présence des parents de Rajesh, de son épouse Sanghita, du « mayor », maire d’un groupe de villages environnants qui soutient ce projet depuis le début, et de tous les parrains, marraines et voyageurs présents. Le ruban est coupé dans les règles de l’art par Jean-Marc alias Lama Tsultrim, Brigitte, notre présidente et Rajesh. Une très jolie « Puja », rituel hindou dédié aux dieux de bons augures, est mené par Urmilla, la mère de Rajesh, avec encens, lumières et bénédictions, pour finir par l’offrande d’une noix de coco brisée sur la première marche, par le père de Rajesh.

Brigitte Quéro, Lama Tsultril et Rajesh coupent le ruban d'inauguration
Article du journal local relatant l'inauguration du home pour personnes âgées
Article dans le journal local

Nous nous déplaçons alors vers le « Dining Hall » (réfectoire) où une belle cérémonie d’accueil nous attend.
Les enfants ont préparé des danses, chacun à son niveau, les plus grands nous réservant des interprétations très «  Bollywood ». Ils ont vraiment travaillé dur ! Il y a des discours, une jeune élève témoigne des raisons pour lesquelles elle aime son école, et des applaudissements. Les Indiens chantent alors leur hymne national, sous la discrète présence du maire qui avait accepté de participer à la cérémonie, puis les Français entonnent La Marseillaise de tout cœur. Que ça fait du bien de la chanter pour une noble cause !

Jeunes filles dansant pour le spectacle de bien-venue

Après cette longue et émouvante cérémonie, nous sommes invités à visiter le dispensaire (« Medical Center »), qui reçoit de nombreux patients venus des villages environnants pour se faire soigner gratuitement.
Deux personnes s’occupent du dispensaire. Il s’agit de Vikash, le responsable, et de Shima, son assistante, tous deux anciens élèves et bons exemples de réussite dans la vie à l’issue de leur scolarité. On pourrait d’ailleurs en citer de nombreux autres.
Vikash a été admis à l’école en 2005 et reçu aux examens de fin de classe 10 en avril 2015, avec mention bien. Shima a commencé l’école en août 2008 et fini sa scolarité en avril 2017. Ils ont ensuite été formés à l’hôpital par le docteur Verma, le médecin qui venait consulter à l’école une fois par mois pendant les premières années de l’école.

Infirmiers dans le dispensaire

Puis nous visitons le centre de formation pour les femmes, où de nombreuses jeunes femmes se forment à la couture, ainsi qu’au maquillage, ce qui leur permet d’obtenir ensuite un complément de revenus, en particulier pendant la saison des mariages où les maquilleuses sont recherchées.

Femmes en train de coudre

C’est l’heure du déjeuner. C’est réjouissant de les voir arriver avec leur brosse à dent dans la poche de leur chemise, qu’ils sortiront à la fin du repas, se laver les mains, se déchausser et se mettre en file indienne pour recevoir des mains de nos amis voyageurs l’assiette compartimentée qui permet de les servir de légumes frais, de dhal, d’une galette, un repas équilibré établi dès les débuts de l’école par une diététicienne indienne. Mais où diable mettent-ils tout ça ? Ils vont s’asseoir sur de longs et étroits tapis, saisissent la nourriture avec la main qu’ils portent à leur bouche avec habilité.
Un essaim d’uniformes bleus et turquoise s’envole ensuite pour aller rincer les plateaux et se brosser les dents.

Enfants qui mangent dans le réfectoire

Dès le repas terminé, dans la vaste cour, les élèves jouent au badminton ou au caromboard, sorte de billard au sol auquel ils sont très habiles, et peuvent se reposer et se raconter leurs petits secrets à l’ombre sur des balancelles.
Nous rencontrons alors nos filleuls, jeunes et plus grands, et leur remettons nos cadeaux. C’est un joli moment.

Enfants qui jouent dans la cours

Les élèves retournent alors en classe, ce qui nous permet de les voir dans leur environnement de travail.

Enfants en classe

Puis une longue table réunit les amis voyageurs autour d’un repas délicieux préparé par la cuisine de l’école.
Après avoir repris des forces, nous visitons la cuisine et applaudissons chaleureusement toute l’équipe qui fait un travail magnifique, permettant d’offrir aux élèves un repas copieux et de qualité six jours par semaine, parfois le seul de la journée pour un certain nombre d’entre eux.

Femmes travaillant en cuisine
Cuisine

Élèves, professeurs et membres du groupe se réunissent alors dans la cour, pour quelques belles photos qui seront la mémoire de cette découverte de l’école et de ces rencontres.

Photo de groupe

C’est maintenant l’heure pour les élèves de rentrer chez eux. Passant au milieu d’une haie d’honneur composée de joyeux parrains et pèlerins, les élèves agitent la main pour dire au revoir, en faisant de larges sourires, les plus grands se hasardant à un « see you ! ».
Dans la rue, certains exécutent encore des danses. Et bien sûr, il y a un gentil clown parmi nous pour leur apprendre le French cancan. Il y a des rires, mais aussi des larmes d’émotion.

Les enfants sortent de l'école en saluant les visiteurs

Et comme certains d’entre nous n’en avaient pas eu assez, nous retournons à l’école sur notre temps libre du samedi 9 novembre. Après avoir risqué notre vie dans des rickshaws qui prenaient parfois l’autoroute à contre-sens après en avoir franchi le terre-plein entre deux voitures, puis pris la sortie en empruntant, finalement, la voie d’accès à l’autoroute, nous arrivons finalement à l’école sains et saufs.
Petit thé, accueil décontracté d’un samedi matin, visite des classes. Certains d’entre nous s’illustrent au foot et au badminton, pendant que d’autres squattent les balançoires, et papotent comme elles peuvent avec les élèves plus grands, curieux de nous découvrir, dans leur anglais rudimentaire.

A la fin de la matinée, nous allons visiter le petit village jouxtant l’école, où nous sommes accueillis dans une maison traditionnelle en pisé.

Foyer traditionnel en terre
ancienne élève

Il y a beaucoup de choses à raconter sur ce que nous avons vu, mais si nous devions ne retenir qu’une image, c’est celle du regard débordant de gratitude envers Lama Tsultrim d’une institutrice, revenue dans le village pour les fêtes, ancienne élève puis enseignante à l’école, qui s’était mariée et avait trois enfants à qui elle faisait maintenant la classe.
L’école ne profite pas seulement à des enfants, mais à leur future descendance. Notre œuvre transcende les générations, et ça fait chaud au cœur de pouvoir l’inscrire dans le mouvement de la vie.

Et que dire de la rencontre avec Rajesh ? C’est tout simplement un homme exceptionnel de volonté, d’implication et de bienveillance envers son prochain, qui trouve naturel de faire ce qu’il fait, simplement par humanité. Hommage et gratitude à lui et à son équipe !
Longue vie à l’École !

Rajesh

Merci aux voyageurs qui nous rapporté toutes ces belles photos.